Historique
LA MOUSSON : HISTORIQUE
Le projet
C’est en 1995 que germa dans l’esprit de Michel Didym l’idée de créer, en Lorraine, une manifestation dont l’objet serait moins le spectacle à proprement parler (à l’instar de tant d’autres festivals d’été) que l’exploration, passionnée mais sérieuse, de la production des auteurs du théâtre contemporain. Pendant une semaine, à la fin du mois d’août, des textes inédits y seraient présentés sous des formes souples et légères : lectures, mises en espace, cabaret… Toutefois, grâce au concours de Boomerang (la compagnie organisatrice), à l’engagement d’une équipe d’artistes de qualité (comédiens, metteurs en scène, musiciens), et avec l’assistance de techniciens aguerris, ces présentations devraient posséder un caractère suffisamment attractif pour intéresser, outre le landernau professionnel (metteurs en scène, directeurs de salles, programmateurs…), un large public d’amateurs de théâtre, curieux de venir découvrir le continent inexploré de la jeune création internationale. En outre, animé par des professeurs et des metteurs en scène, un dispositif pédagogique spécifique, une Université d’été, directement greffé sur la manifestation, offrirait à des étudiants et à de jeunes professionnels la possibilité d’une formation in situ. La présence en résidence des auteurs invités (accompagnés, parfois, de leurs traducteurs) permettrait également de nombreux échanges. Enfin, la publication d’un petit journal rendrait compte, au jour le jour, de la diversité des activités.
Sa réalisation
La Mousson d’Eté est le résultat de ce projet. Son nom s’inspire, évidemment, de Pont-à-Mousson, ville de Meurthe-et-Moselle qui fit le pari d’accueillir l’expérience, sans imaginer qu’elle était promise à une étonnante pérennité. Avec les eaux de la Moselle qui arrosent ses rives splendides, l’Abbaye des Prémontrés (où la Mousson est magnifiquement installée), a vu couler, en quinze années d’existence, l’encre d’un si grand nombre d’auteurs qu’il n’est pas envisageable, ici, de les énumérer. Pour écrire l’histoire de la Mousson d’Été, il suffirait, pourtant, de revisiter cette étonnante galerie de portraits exposés, au fil des ans, par le photographe Éric Didym et ses collaborateurs, les plasticiens Thierry Devaux et Patricia Girardin . Ou, encore, de relire la collection des numéros de Temporairement Contemporain, le journal qui accompagne, au quotidien, chaque édition du festival. Il serait également intéressant de faire, précisément, le point sur la postérité de tous les textes qui, découverts à Pont-à-Mousson, ont conquis un public national et international, dans le vaste circuit des institutions professionnelles.
Son développement
Fort du succès de sa formule estivale, la Mousson a essaimé. Ce fut, d’abord, à partir de 2000, l’entreprise itinérante d’une Mousson sur l’Eau, dont le principe est de faire voyager les textes à bord d’une péniche, sur les canaux du sillon mosellan, allant à la rencontre de nouveaux publics, dans les communes parfois privées de toute activité culturelle… Puis, à partir de 2004, ce fut la Mousson d’Hiver. Plus courte, orientée vers un public composé de jeunes gens qui, n’étant plus des enfants (pour lesquels il existe des structures théâtrales spécifiques), ne trouvent pas forcément dans les centres dramatiques, un programme adapté à ses attentes. La Mousson d’hiver est un signe fort adressé aux politiques et aux professionnels de la culture. Elle attire l’attention des « jeunes » (lycéens et étudiants) sur des objets artistiques qui les concernent, et indique aux auteurs l’intérêt spécifique d’une écriture qui prenne en compte la spécificité de ce public, dont l’horizon culturel n’est pas limité par une prétendue immaturité, mais qui représente, au contraire, une modernité tournée vers un futur que tout écrivain doit envisager. Enfin, elle incite les institutions à réfléchir à une programmation ciblée en direction des adolescents, seul moyen de construire sur le long terme le public d’un service public digne de ce nom. Toutes ces questions qu’aborde la Mousson : la pratique de l’écriture, les qualités esthétiques de la création artistique, le problème de la diffusion, les modalités de la traduction, l’identité des publics, le rôle des institutions, etc., constituent les thèmes et les enjeux du théâtre d’aujourd’hui. La Mousson permet d’y réfléchir, non pas de manière technocratique, mais en privilégiant la circulation entre théorie et pratique, et en favorisant l’échange entre artistes, acteurs culturels et spectateurs. La Mousson n’est, en aucun cas, un laboratoire réservé à des spécialistes, c’est un cadre extrêmement ouvert où l’on peut faire des expériences. Le désir y circule et l’enthousiasme s’y partage. Des vocations y naissent ; c’est un lieu de transmission et de renouvellement.
Avenir
La nomination, en 2010, de Michel Didym à la tête de la Manufacture, à Nancy, a offert à la Mousson d’Eté de nouvelles perspectives. Bien que structurellement indépendante, la Mousson a trouvé, en effet, dans le CDN de Lorraine une occasion de donner aux textes découverts à Pont-à-Mousson un écho considérable grâce à la production de véritables mises en scène. Forte de cette cohérence, la région devient ainsi une véritable plate-forme de la création contemporaine dans le domaine théâtral, promise à un grand rayonnement national et international.
La naissance de la Maison Européenne des écritures contemporaines (Meéc)
Constatant que l’écriture dramatique contemporaine était trop peu jouée, traduite, éditée et diffusée, Michel Didym crée la Mousson d’été en 1995. Cette manifestation, consacrée aux écritures d’aujourd’hui, prend pour objectif de donner à entendre des textes inédits, des textes en devenir. C’est autour de lectures, mises en espace, conversations et spectacles que La mousson d’été organise un terrain de rencontres entre le public et les auteurs, éditeurs, acteurs, traducteurs, directeurs de structures théâtrales, responsables institutionnels, journalistes, universitaires… C’est bien cette confrontation des textes au public et aux professionnels qui favorise la production et la diffusion d’œuvres nouvelles. Les nombreux textes présentés à la Mousson d’été qui ont été mis en scène et tournés tant en France qu’à l’étranger démontrent que souvent cette première approche et le travail d’accompagnement ont été déterminants pour la production. Dès sa deuxième année, la Mousson d’été avait dépassé le cadre français et s’intéressait aux écritures étrangères : la Méditerranée, les Amériques, l’Europe du Nord, du Sud et de l’Est. Ce travail d’investigation a systématiquement été accompagné d’un travail de diffusion des écritures françaises dans les parties du monde précitées.
En 25 éditions, la Mousson d’été n’a cessé de prendre de l’ampleur. Elle irrigue en profondeur la région Grand Est, le département de Meurthe-et-Moselle et s’inscrit comme une manifestation essentielle à la constitution d’un nouveau répertoire théâtral, sans souci de frontières. Cependant, la circulation internationale des textes contemporains demeure extrêmement complexe. L’expérience de la Mousson d’été a notamment montré une difficulté d’accès aux textes de certains pays et une inadéquation des traductions et adaptations au travail de la scène. Il apparaît donc nécessaire de trouver des relais permettant le repérage des textes, de permettre au traducteur, par le travail avec l’auteur et une équipe artistique, d’aboutir à un texte prêt pour la création et la production.
Dans un souci de pérenniser l’action de la Mousson d’été et de la renforcer au plan international l’équipe du festival a créé la Maison européenne des écritures contemporaines (la Meéc). Tout naturellement, son siège s’installe en Meurthe-et-Moselle, à l’Abbaye des Prémontrés, qui accueille les Rencontres théâtrales de la Mousson d’été. La Meéc a pour objet de favoriser l’émergence, la promotion, la connaissance, la production et la diffusion des écritures dramatiques d’aujourd’hui. Elle œuvre à l’échange et à la circulation internationale des jeunes écritures dramatiques en offrant aux auteurs un accompagnement artistique concret et vise à générer des productions théâtrales. En outre, des actions de formation sont associées à tous les stades du travail.
Pour servir ses objectifs, la Meéc, qui a une vocation internationale et mobile, est membre des initiatives Fabulamundi. Playwriting Europe (dans l’espace européen) et Tintas Frescas (programme pour la promotion des nouvelles dramaturgies françaises en Amérique du Sud hispanophone).